Mondes céramiques

carrés encadrés, terre vernissée •

« Brian Molanphy a exercé diverses pratiques artistiques avant de choisir la céramique comme moyen d’expression et d’expérimentation privilégié. Il découvre les techniques anciennes comme le décor au clou, le jaspé provençal ou les terres mêlées à l’occasion d’un voyage en France qui sera suivi de nombreuses résidences d’artiste à la Manufacture de Sèvres, à la Fondation Camargo à Cassis, ou à la maison Dora Maar à Ménerbes. Le sud de la France l’intéresse tout particulièrement par la richesse de son patrimoine de céramique historique et contemporaine (Aubagne, Marseille, Moustiers, Biot, Vallauris entres autres). C’est dans cette perspective que ses résidences sont l’occasion pour Molanphy de s’imprégner d’une région, d’apprendre une technique aux côtés d’un artisan aux savoir-faire bien spécifiques. Et Molanphy a été très intéressé par cette histoire forte et ininterrompue de la tradition de la céramique sur le territoire d’Aubagne. Si le travail de Molanphy s’attache d’habitude à la création de pièces pour la table, en 2010 le projet de la résidence à la Fondation Camargo est de travailler sur la tradition architecturale dont les formes de base sont la brique et le carré. Ainsi naissent les carrés encadrés, réalisés avec l’aide et l’assistance de Philippe Beltrando de l’atelier Barbotine à Aubagne. Ces heureuses rencontres donnent lieu ainsi à des expérimentations formelles qui permettent à Molanphy de dépasser la simple application technique et de développer une réflexion sur les pleins et les vides déjà débutée avec ses pots et qu’il poursuit ici avec les carrés encadrés. Faïences blanche et bleue, terre mêlée, pièces fermées, gonflées, extrudées, ouvertes, décors polis et plats ou émaillés et en relief, ces cubes déclinent des paysages indéfinis de vagues et de nuages. Quoi de plus semblable qu’un cube, reproductible à l’infini ? Et pourtant, à l’inverse, quel incroyable champ de possibles ? Quelle singularité, quelle pluralité des interprétations plastiques ! Les carrés encadrés évoquent ces notions de série, d’oeuvre unique, de l’indicible, de l’expérimentation technique et de la création artistique. Ils permettent plus largement une réflexion sur la réinterprétation et de l’appropriation contemporaine d’un patrimoine culturel. » -Marielle Magliozzi, commissaire

2011, Centre d’art contemporain des Pénitents Noirs, Aubagne, France